via PC INpact de Vince@pcinpact.com (Vincent Hermann) le 21/09/11
Arturo Castro est un développeur qui a réalisé un travail étonnant à partir de plusieurs éléments logiciels. Le but est de montrer que l'on peut prendre une image, qu'elle soit statique ou non, et l'appliquer à son propre visage, en temps réel.

via {sciences²} de sylvestre Huet le 22/09/11
Une expérience menée au Cern et au Gran Sasso (Italie) aurait détecté des neutrinos plus rapides que la lumière dans le vide.

via {sciences²} de sylvestre Huet le 23/09/11
Les physiciens de l'expérience internationale Opera ont mesuré des particules allant plus vite que la lumière.

via InternetActu.net de Xavier de la Porte le 19/09/11

La lecture de la semaine, il s’agit d’un prolongement de la conversation que nous avons eue il y a 15 jours avec Eric Sadin autour de “La société de la prédiction”. Il est paru sur le site TPM, Il s’intitule “Les flics de Santa Cruz expérimentent la police préventive” et on le doit à Jeol Shurkin.

“La police de la Santa Cruz, en Californie, a entamé une expérience consistant à utiliser un algorithme qui prévoit quand et où certains crimes vont être commis, et permet d’envoyer des hommes sur le terrain avant même que ces crimes ne soient commis.

crimemappredictionA ce jour, la police a arrêté 5 personnes en utilisant cette technique dite de “police prédictive”, et les taux de certaines catégories de crime dans la ville ont déjà baissé de manière significative – peut-être un résultat de cette politique ? Le programme a permis de prédire correctement 40 % des crimes qu’il était chargé de surveiller. La police a expliqué que des programmes comme celui-ci, s’ils se montraient fiables, pouvaient aider à déployer leur force de manière plus efficace.

A la différence de la nouvelle de Philip K. Dick, The Minority Report, et du film inspiré de ce texte, le programme repose sur des algorithmes, et non sur des mutants, pour prédire la probabilité qu’un événement ait lieu. Le programme (présentation et explications supplémentaires) provient du champ des mathématiques appliquées et l’algorithme a été développé par un mathématicien de 29 ans de l’université de Santa Clara. D’autres techniques provenant des mathématiques ont été développées pour prédire les crimes, la plus connue étant Compstat (Wikipédia), utilisé au milieu des années 90 par la police de New York pour traquer les crimes graves, les mêmes que dans Minority Report. Le programme utilisé à Santa Cruz n’a semble-t-il pas de nom, et il se concentre sur les atteintes à la propriété, comme les vols de voiture et les cambriolages.

L’algorithme se base sur des calculs utilisés pour prévoir les répliques qui suivent un tremblement de terre important. Le coeur du programme est la croyance que les criminels commettent souvent un second crime, ou un troisième, dans le même lieu et à la même heure, si le premier a réussi. Par exemple, si un cambrioleur réussit à entrer dans une maison à 2 heures de l’après-midi dans un certain quartier parce que cette maison était vide, il utilisera cette expérience pour tenter un nouveau cambriolage dans une autre maison du même quartier à peu près à la même heure. Dans le cas de Santa Cruz, qui se trouve sur la côte californienne et abrite le campus de l’université de Californie, ce serait à peu près 4 jours après le premier cambriolage. L’algorithme le sait parce que le jeune homme qui l’a développé a compilé huit ans de données criminels de la ville et les a entrés dans l’ordinateur.

Il a d’abord testé l’idée dans le sud de la Californie avec des données de la police de Los Angeles. Après un article paru dans le Los Angeles Times et qui racontait le projet , un criminologue de Santa Cruz a contacté le mathématicien et lui fait parvenir les données de la ville entre 2002 et 2010. Son algorithme a par ailleurs la capacité d’intégrer quotidiennement les nouvelles données, ce que ne fait pas un logiciel comme Compstat. Plus il possède de données, plus l’algorithme est censé donner des résultats fiables. “Le modèle central est fondé sur l’idée que le crime n’est pas le fruit du hasard”, explique le criminologue de Santa Cruz, “donc, avec suffisamment de données, on pourrait prédire où et quand le crime se produira.”

Le programme fournit deux horaires possibles pour chaque crime et des patrouilles sont envoyées chaque jour avec une carte des dix lieux principaux à surveiller.

Le programme ne donne pas à la police de cause légale pour procéder à des arrestations, mais il donne de bonnes raisons pour poser des questions quand elle voit quelqu’un sur le lieu prévu, à l’heure prévue, qui a l’air suspect.

Depuis qu’il a été installé en juillet, les cambriolages ont baissé de 27 % à Santa Cruz. Même si sa responsabilité dans cette baisse ne peut pas être établie à coup sûr, la police pense que la présence de patrouilles sur les lieux où il est probable que le crime soit commis a un effet dissuasif.”

Voilà pour ce petit papier, dont la lecture m’a rendu hésitant. On ne peut être qu’enthousiasmé par une politique de sécurité publique qui soit préventive plus que répressive, si la présence seule d’une patrouille suffit à dissuader, on ne peut que s’en féliciter. Néanmoins, on voit bien les dérives possibles et en particulier, la criminalisation de l’intention, qui n’est jamais très loin (danger qu’identifiait déjà Philip K. Dick). Enfin, on peut douter de l’efficacité à long terme de tels moyens. On peut imaginer que les cambrioleurs auront vite vent des paramètres pris en compte par l’algorithme et qu’il leur suffira de changer leurs habitudes pour rendre la prédiction caduque.

Xavier de la Porte

Xavier de la Porte, producteur de l’émission Place de la Toile sur France Culture, réalise chaque semaine une intéressante lecture d’un article de l’actualité dans le cadre de son émission.

L’émission du 17 septembre 2011 était consacrée à l’internet illimité, en compagnie de Valérie Schafer, chercheuse à l’Institut des sciences de la communication du CNRS (ISCC), historienne des réseaux, et auteur, avec Hervé Le Crosnier (blog), de La neutralité de l’Internet, qui vient de paraître aux éditions du CNRS.

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Des scientifiques explorent un « mode subconscient » des téléphones portables « E-MiLi » prolonge de 54 % l'autonomie des batteries La durée de vie de batterie des téléphones portables pourrait être grandement optimisée par l'introduction d'un « mode subconscient » développé par le professeur Kang Shin et son doctorant Xinyu Zhang à l'université du Michigan. Nommée E-MiLi, cette technologie opère lorsque l'appareil n'est pas en utilisation directe, mais garde sa connectivité radio pleinement active dans l'attente de toute donnée et à la recherche de connexions meilleures. Une taxe énergétique que paient les téléphones 80 % du temps où l'appareil est sup...

via Framablog de aKa le 18/09/11

Tobias Wolter - CC byLe Parti pirate allemand de Berlin n’osait espérer dépasser les 5% pour obtenir des sièges lors des élections de dimanche au parlement régional, il en a obtenu près du double en créant une véritable sensation qui va bien au delà des frontières de la cité.

Bien sûr il y a un ensemble de facteurs favorables liés au contexte local qui peuvent expliquer cet incroyable résultat (nature des élections, situation politique générale en Allemagne, dynamisme particulier de la jeunesse de cette ville…). Ce n’est donc pas demain la veille que tous les partis pirates européens auront 10% à toutes les élections.

Il n’en demeure pas moins que, tout comme le succès du Parti pirate suédois aux élections européennes de 2009, la date est à marquer d’une pierre blanche, de celle qui transcende et exalte le champ des possibles.

« Nous allons démontrer que la politique peut être réformée », nous promet ci-dessous le président du Parti pirate allemand, à la suite de ce succès[1].

C’est tout le mal que nous leur souhaitons, d’autant qu’il va sans dire que le logiciel libre n’était pas absent de leur programme de campagne (une campagne hyperactive sur Internet et qui n’a coûté au final que 40 000 euros, soit dit en passant, alors que les autres partis dépensaient des millions).

Hier les indignés de la Puerta del Sol, aujourd’hui le Parti pirate berlinois, demain viendra peut-être le tour de la France qui sait ?

Le parti pirate entre au Parlement de Berlin après une victoire historique aux élections

Pirate Party Enters Berlin Parliament After Historical Election Win

Ernesto - 18 septembre 2011 - TorrentFreak.com
(Traduction Framalang : Don Rico, Duthils, Lolo le 13, Mammig et Ypll)

Pour la première fois, un parti pirate a réussi à obtenir des sièges dans un parlement régional. Avec une estimation de 9% du total des suffrages, le Parti pirate dépasse de 5% le seuil nécessaire pour entrer au Parlement de Berlin et gagne plusieurs sièges. Pour le mouvement international des partis pirates, c’est un deuxième succès important après celui, suédois, des élections européennes de 2009.

Le Parti pirate allemand a remporté une brillante victoire aux élections du Parlement du land de Berlin. Deux heures après la fermeture des bureaux de vote, les premiers résultats indiquaient que les pirates avaient réuni 9% des suffrages. Cela se traduira par l’obtention de quinze sièges au Parlement.

Fondé en septembre 2006, le Parti pirate allemand a déjà enregistré plusieurs succès au cours de son existence relativement courte. Jusqu’à présent, le parti comptait plus de cinquante membres exerçant des mandats dans diverses circonscriptions allemandes, plus que dans tous les autres pays d’Europe réunis. Toutefois, le résultat du scrutin du 18 septembre reste sans précédent.



Jamais un parti pirate n’avait obtenu de siège dans un parlement régional ou un conseil fédéral. Le seuil requis pour obtenir un siège étant de 5%, l’exploit des élections berlinoises n’en est que plus impressionnant.

Les premiers résultats montrent que le Parti pirate a fait le plein de voix essentiellement chez les votants les plus jeunes. Quinze pour cent des électeurs de moins de trente ans ont voté pour le Parti pirate, mais même chez les soixante ans et plus, un faible pourcentage a donné son bulletin aux pirates.

Victoire électorale pour les pirates

Parti Pirate Berlin - Résultats

TorrentFreak a demandé à Sebastian Nerz, président du Parti pirate allemand, ce que ce succès signifiait pour son parti. Il nous a répondu que l’augmentation de son financement et son influence croissante permettront au Parti d’avoir un impact plus grand.

« Pour l’instant, le Parti pirate allemand n’a aucun salarié », explique Nerz. « Tous ceux qui travaillent pour le parti – y compris moi-même – le font en tant que bénévoles. Les députés, eux, sont payés pour leur travail. En outre, ils reçoivent de l’argent de l’État pour payer leurs assistants et leurs collègues. Cela permettra à ces pirates de travailler à plein temps pour le parti, et nous donnera ainsi plus de main d’oeuvre.

« Un autre avantage est que les citoyens et les médias prennent les partis qui ont accès au parlement beaucoup plus au sérieux. Bien des fois on m’a dit « votre parti n’est pas considéré parce qu’il n’a aucun élu ». Suite au succès de ce week-end, le parti sera nettement mieux placé sur ce plan.

De plus, le Parti pirate s’attend à une augmentation de ses membres grâce à son bon score, ainsi que du nombre de personnes travaillant pour le parti. Quant aux idées défendues, le parti se veut aussi transparent que possible, il veut améliorer la protection de la vie privée des citoyens, supprimer les brevets et limiter l’emprise toujours grandissante des organisations exploitant le droit d’auteur.

« Nous allons montrer qu’il est possible de faire de la politique de manière transparente. Jusqu’à maintenant, la politique est un domaine nébuleux et interdit. Les réunions sont tenues à huis clos, les ordres du jour et comptes-rendus sont tenus secrets, les traités non publiés », a déclaré Nerz à TorrentFreak.

« Nous démontrerons qu’il est possible d’informer ouvertement et sans mentir les citoyens de ce qu’il se passe, des alternatives possibles et pourquoi une certaine voie a été choisie. Nous démontrerons que les citoyens peuvent être intégrés dans les processus d’étude des faits et dans les choix politiques. Pourquoi ne pas demander aux citoyens leur opinion avant de décider ? Ça vaut bien un essai ! »

Une chose est sûre. Le Parti pirate a fait un score fantastique aujourd’hui. Avec ce résultat, le Parlement du land de Berlin sentira sans doute le vent frais venant du parti le plus technophile et respectueux de la vie privée. Tous les candidats de Berlin sont prêts et impatients de commencer, d’après le président.

« Pour être bref : Nous allons démontrer que la politique peut être réformée », dit Nerz

Note : nous mettrons à jour les pourcentages au fur et à mesure des résultats

Notes

[1] Crédit photo : Tobias Wolter (Creative Commons By)

via OWNI de ophelianoor le 19/09/11

Les opérateurs ont prévu d’occuper durablement la bande WiFi, car ces fréquences libres leur offrent la possibilité de réaliser des économies substantielles. Dans le même temps, ils gardent le contrôle exclusif des fréquences GSM, 3G et 4G, payées à prix d’or, refusant, autant que les États, leur libre utilisation.

Le 15 septembre dernier, Orange, SFR, Bouygues Télecom et Free, déposaient leurs candidatures à l’ARCEP (Autorité de Régulation des Communications Electroniques et des Postes) pour l’achat de la première des deux fréquences 4G.

Certes la 4G sera plus performante sur Internet mais ne suffira pas à absorber un trafic mondial, qui doublera tous les ans jusqu’en 2015. Tenus à des obligations de qualité de service, et accrochés à leurs rentes, ils doivent rapidement trouver des solutions de repli.

Sébastien Crozier, élu CFE CGC Orange-France Télécom, confirme :

Le pire ennemi pour les opérateurs mobile c’est Internet. Les smartphones on fait exploser le trafic data [internet sur mobile]. Pour tenir le choc, nous devons nous délester sur des technologies de type WiFi.

Une solution avantageuse pour les opérateurs. Elle ne nécessite pas d’investissements dans de nouvelles infrastructures. Le réseau WiFi est déjà déployé sur les box Adsl de millions d’utilisateurs de l’Internet fixe, les hotspots en ville, les réseaux municipaux, commerçants, associatifs. “Les opérateurs se sont très vite inspirés de ces réseaux alternatifs au début des années 2000, raconte Laurent Guerby du réseau associatif toulousain Tetaneutral, en créant eux aussi des hotspots et en intégrant le WiFi sur leurs box”.

Préserver la neutralité du Net : l’argument bien pratique

Jusque-là, faire fonctionner les réseaux de façon centralisée avec un point de passage obligé – l’antenne relai – a permis aux opérateurs de contrôler tout le trafic cellulaire et maximiser leurs profits. En bons net-goinfres, ils ne veulent pas ré-investir dans le réseau 3G saturé et vont utiliser les fréquences libres et les technologies sans fils qui assureront leur avenir à moindres frais. Dans le même temps, la croissance exponentielle du trafic, va leur apporter des revenus colossaux : l’internet de demain sera mobile, avec les deux tiers du trafic en vidéo et 7 milliards de terminaux mobiles prévus pour 2015. Ils vont même plus loin, comme l’explique Sébastien Crozier :

Que voulez-vous qu’on fasse ? Si nous ne pouvons pas répartir le trafic sur les bandes de fréquences WiFi nous seront obligés de filtrer les contenus sur l’internet mobile pour mieux gérer les volumes de data sur le réseau. Et adieu la neutralité du Net !

Leur utilisation du WiFi permettrait donc de préserver… la neutralité du Net. “Le filtrage ne leur permettait de gagner que 10% de capacité sur 4 mois. Nous leur disions depuis trois ans que la seule solution à long terme était l’investissement, explique Benjamin Bayart, président du FAI associatif French Data Network (FDN). Or ils ne veulent pas redimensionner le réseau GSM/3G qui leur coûterait des milliards et le WiFi reste leur meilleur plan. Si cela se dénoue comme ça, ce n’est pas si mal pour les réseaux.”

Chez Orange ou Free, on l’admet sans détour :

Nous n’avons aucun droit sur les fréquences WiFi

Comprendre : nous avons autant de droits que les autres mais pas de droits exclusifs comme sur les fréquences des technologies 3G et 4G. Car n’importe qui peut utiliser les bandes de fréquence WiFi, de manière libre, gratuite. L’ironie, c’est que ces petites “junk band”, laissées libres et gratuites par les États depuis une vingtaines d’années, vont littéralement sauver les opérateurs qui vont intégrer durablement ces technologies sans fils alternatives à leurs réseaux. La candidature de Free à l’Arcep en 2009 [pdf], révélait déjà cette orientation, avec l’utilisation du réseau WiFi et de femtocellules sur les box. Une belle manière de tirer parti d’un bien commun dans le but de préserver leurs rentes.

Le squat d’un bien commun sans contre-partie ?

L’utilisation commerciale des bandes de fréquences libres n’est donc pas interdite, mais leur exploitation par les poids lourds de la téléphonie mobile sera quelque peu délicate à faire passer sans compromis. Partout dans le monde, des réseaux alternatifs, des administrations ou des commerçants, proposent depuis dix ans des espaces de communication libres et gratuits. Des entrepreneurs, des chercheurs, des hackers innovent sans cesse sur les technologies WiFi qui représentent un marché dynamique composé de modèles économiques variés et souvent porteurs de valeurs universelles. Et des clients de voiP comme Skype ou Fring permettent déjà de communiquer gratuitement ou à très faibles coûts en se passant des opérateurs.

“Il existe déjà une solution simple à mettre en place pour les contourner : libérer les points d’accès WiFi, explique Benjamin Bayart. Il suffirait d’enlever tous les mots de passe et identifiants, la bande passante serait vraiment accessible partout. Cela permettrait de passer des appels en local avec un client de voIP, en restant dans un lieu fixe. Le souci, vous diront-ils, c’est que c’est incompatible avec Hadopi par exemple.” Ou les lois sécuritaires votées en 2006. Des opérateurs qui n’hésitent pas à s’abriter derrière la loi quand leur modèle économique est menacé.

Le cabinet finlandais Notava, expert en “data offloading”, notait en 2010 dans son étude sur la croissance du trafic Internet sur mobile :

Les opérateurs qui n’adoptent pas la technologie WiFi, perdront le contrôle d’une part importante du trafic data mobile et des revenus qui y sont attachés.

Si les opérateurs squattent les fréquences libres, ce n’est pas pour sauver la neutralité du net mais assurer leur avenir et conserver leur monopole. En attendant, la société civile se voit refuser l’utilisation libre de l’ensemble des fréquences du spectre radio, et proposer des offres forfaitaires toujours aussi élevées sur les mobiles…

“Si nous étions dans une situation de libre concurrence, ajoute Benjamin Bayart, on pourrait imaginer une baisse de prix. Or ce n’est pas le cas actuellement. Sauf si un quatrième opérateur venait changer les règles du jeu en cassant les prix pour cette raison là.”


Crédits illustrations: Loguy pour Owni /-)
Crédits photo, via Flickr : Dominic Alves [cc-by-nc-sa]

À lire aussi, notre dossier sur le WiFi libre

via XXI le 19/09/11

Mikkel Borch-Jacobsen, auteur du récit « Maladies à vendre » (n°4 de XXI), co-réalise un documentaire sur la vaste entreprise de promotion de nouvelles maladies

A quoi bon chercher de nouveaux médicaments pour guérir les maladies, s'il suffit d'inventer des maladies pour vendre des pilules roses existantes ? Depuis la fin des années 1970, les laboratoires pharmaceutiques pratiquent le « condition branding », la promotion de maladies. Pas un jour ne passe sans que la médecine découvre la gravité d'affections jusque-là négligées. Heureusement, disent les experts, à chaque mal son remède.

Vos sautes d'humeur ne sont plus un trait de mauvais caractère, mais un « trouble dysphorique ». Votre taux de cholestérol est désormais un « facteur de risque », à surveiller de près, même à 25 ans. Pour le faire baisser, ne vous cassez pas la tête à faire de l'exercice ni à changer votre alimentation : prenez des statines. Il vous arrive d'avoir des pannes sexuelles ? Vous souffrez certainement de dysfonction érectile : parlez-en à votre médecin. Si vous vous sentez fatigué, triste, démotivé au réveil, vous plongez peut-être dans la dépression. Pire : vous êtes atteint de trouble bi-polaire…

Pour un peu, dévoilent l'historien et philosophe Mikkel Borch-Jacobsen et la documentariste Anne Georget, « la vie entière devient une maladie. » Construit sur une alternance de spots publicitaires des principaux laboratoires pharmaceutiques et d'entretiens avec des spécialistes du monde entier, Maladies à vendre démonte les stratégies d'une science au service du marché.

Comme le noir ou le orange sera la couleur de l'hiver, il existe des troubles « à la mode ». Le temps de ces modes dépend essentiellement d'une chose : la durée de vie du brevet des médicaments. Les « malades-consommateurs » ignorent bien sûr que leur traitement était auparavant prescrit pour soigner un autre type d'affection. Seul l'emballage a changé… Le risque d'effets secondaires, lui, est parfois important. Mais ni les laboratoires, qui financent les tests, ni les médecins ni les médias ne semblent s'en préoccuper.

Une séquence est édifiante. Pour révéler les dessous de ces lobbys, l'Institut néerlandais pour un usage rationnel des médicaments a lancé une campagne marketing autour de la « flatulence ». Des prospectus et des affiches ont été distribués dans les cabinets médicaux, des pages publicitaires montées, des conférences organisées. Pas un médecin n'a demandé le nom du laboratoire à l'origine de ce battage médiatique. Une série culte de la télévision a même proposé, moyennant une grosse somme d'argent, que son héros parle de ses problèmes de flatulence à son médecin. Dans la salle d'attente, le tract bleu ciel du labo serait mis en avant…

L'institut néerlandais a révélé la supercherie dans une émission de défense des consommateurs. Mais il se pourrait qu'un jour, aux Etats-Unis, au Japon ou ailleurs, la flatulence soit présentée comme une maladie grave. Et facilement guérissable, sur ordonnance...

Léna Mauger

Maladies à vendre ( The factory/ Arte France) sera diffusé sur Arte le 8 novembre vers 21h40

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XXI N°4. Illustration : Hennie Haworth