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En France, Firefox, le navigateur libre au petit renard roux, conserve sa place de leader avec 33 % des parts de marché face aux colosses Internet Explorer et Google Chrome. C'est peut-être parce que ce nom lui a porté chance jusqu'à maintenant que la fondation Mozilla a décidé de rebaptiser son...
La pizza, on en trouve de toutes les saveurs : margherita, 4 fromages, orientale, végétarienne, savoyarde -ma préférée- et j’en passe…
Mais elle a toujours été aplatie et d’une forme soit arrondie ou rectangulaire (flammekueche par exemple).
Pour changer un peu, voici un set de cuisine : Les pizzas en forme de cône à faire chez vous !
On emprunte juste la forme de la crème glacée, pas le goût.
Cet espèce de moule à pizza semble génial. Il suffit de couper la pâte à pizza (prête à l’emploi ou faite-maison) et de la remplir de votre composition (et seulement la vôtre).
D’une certaine manière, gourmands comme vous êtes, vous ne pouvez pas dire non.
C’est votre porte-feuilles qui va être content, le set ne coûte que $ 19,95.
Démonstration :
Pratique, pour les promenades au bord de la mer.
Fukushima est un désastre créé par l'Homme
La commission d'enquête du Parlement japonais a conclu que l'accident nucléaire de Fukushima de mars 2011 avait été "un désastre créé par l'homme". Les autorités ont failli à leur devoir, selon le rapport.
L'accident nucléaire de Fukushima a été "un désastre créé par l'homme" et non pas simplement provoqué par le séisme et le tsunami géant survenus le 11 mars 2011 dans le nord-est du Japon, a conclu jeudi une commission d'enquête mandatée par le Parlement.
La photographie est un art aussi populaire qu’anonyme : très peu de photographes sont connus du grand public, et même des amateurs de photo. Pour y remédier, nous vous proposons une nouvelle rubrique, “Révisons nos classiques”. De manière claire et ludique, elle vous permettra de découvrir ou réviser vos classiques.
Pour ce premier numéro, commençons avec celui qui fut surnommé “l’oeil du siècle” : le magistral Henri Cartier-Bresson.
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Si on vous dit son nom, vous pensez:
- Agence Magnum
- Noir et blanc
- Photojournalisme
- Photo d’art
- Capa. Leica. Fondation
- “L’Instant décisif”
Et aussi : Un homme sautant au-dessus d’une flaque. Les premiers congés payés sur les bords de Marne. Des portraits, des foules, des événements historiques.
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Bien. Tout cela est juste. Profitons-en pour compléter un peu…
(Photographier) c’est mettre sur la même ligne de mire la tête, l’œil et le cœur. C’est une façon de vivre.
Né en 1908 et disparu en 2004, HBC a traversé le siècle en en offrant un témoignage d’une richesse unique. Cofondateur en 47 de l’agence Magnum avec Robert Capa, David Seymour, William Vandivert et George Rodger, il a été à la fois un des pionniers du photojournalisme et un extraordinaire photographe d’art. Entre 1933 où il réalise son premier photo-reportage en Espagne et 1970, où il pose son appareil pour se consacrer au dessin, il n’a cessé de se promener, partout, pour témoigner de la vie de ses contemporains.
Homme discret, passionné de peinture, il révolutionne la technique photographique en utilisant un appareil léger et au plus proche de l’oeil humain (Leica 50mm) et immortalise ainsi certains des plus grands événement du siècle passé. En 40 ans, HCB semble avoir été partout, toujours à un moment-clé. A la libération de Paris en 45 (il était alors dans la Résistance), en 54 quand Khrouchtchev laisse entrer des journalistes en URSS, en Inde quelques jours avant l’assassinat de Gandhi… et la liste est longue encore.
Portraitiste de génie, il offre des visions lumieuses de ceux qui croisent sa route. Qualifié -pour une fois à juste titre- de photographe “humaniste”, il fait ouvrir quelques années avant sa mort une Fondation qui présente son oeuvre et aide les artistes, notamment via le Prix HCB.
INDIA. Kashmir. Srinagar. 1948. Femmes musulmanes au sommet de Hari Parbal Hill, priant devant le lever de soleil sur l'Himalaya
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En quoi a-t-il révolutionné la photographie?
• L’innovation technique:
« Le leica peut être un gros baiser bien chaud, il peut être aussi un coup de révolver, ou encore le divan du psychanalyste »
Pensez: dans les années 1930, la photo cherche à capter un réel et les portraits posés foisonnent. Les appareils sont lourds. Cartier-Bresson, travaillant sans pied, sans chambre, au plus simple, à l’instinct, amène l’émotion au coeur du portrait et le hasard comme élément central de la composition. Spontané, intuitif et fait pour témoigner: c’est tout le processus photographique qu’il réinvente. De là, il trouve l’équilibre entre le photo-reportage, le photojournalisme, la photo-documentaire et la photo d’art.
• Photographe, peintre et géomètre:
« L’aventurier en moi se sentit obligé de témoigner, avec un instrument plus rapide que le pinceau des cicatrices de ce monde »
Quand HCB dit que pour lui “l’appareil photo est un carnet de croquis” ce n’est pas à la légère et c’est fondamental à sa démarche: il voulait être peintre. Il étudie avec le portraitiste Jacques-Emile Blanche, apprend la composition avec André Lhote et fréquente les cercles surréalistes. Ces trois facteurs seront fondamentaux dans son style photographique: la place de l’Homme dans l’image. Le cadrage. L’instinct (les surréalistes avaient recours à l’écriture automatique).
• Avec l’agence Magnum :
Pour « signifier » le monde, il faut se sentir impliqué dans ce que l’on découpe à travers le viseur.
Pour la première fois, des photographes s’unissent pour contrôler leurs choix de reportage, défendre leurs intérêts artistiques, politiques et économiques. 65 ans plus tars, l’agence Magnum reste la référence mondiale du photo-reportage. Présents dans tous les conflits, les plus grands noms de la photo, les images qui ont changé le cours de l’Histoire et alerté l’opinion, l’alliance d’une qualité esthétique sidérante et d’un engagement sans faille, Magnum a révolutionné la place de la photo dans le monde, et celles des photographes.
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A quoi reconnaît-on une photo de Cartier-Bresson ?
On repère d’abord ses noirs et blancs tranchés, brillants et profonds. Il n’utilisait jamais de flash, qu’il craignait “comme la détonation d’un revolver au milieu d’un concert”.
On note qu’il y a quasiment toujours au moins une personne, même lointaine sur ses images (où à la limite, des animaux, mais alors dans des attitudes étrangement humaines).
Dans ses portaits (de célébrité aussi bien que de passants) le sujet n’est pas au centre, il s’inscrit dans un univers plus vaste. Il n’est l’objet unique de l’attention, mais un élément d’une composition. C’est ce qui les rend aussi superbes que touchants. Il y a dans son oeil quelque chose du géomètre.
Ces compositions parfaites, ces géométries spatiales toutes en symétries et en lignes de fuite, c’est une des plus nettes caractéristiques du style Cartier-Bresson. Parfois c’est comme si plusieurs scènes cohabitaient ou se répondaient en miroir. Ses photos ne sont jamais recadrées (Jamais! et il se battait là-dessus avec les journaux qui ne l’écoutait pas forcément), jamais retouchées, jamais posées.
Les photos de Cartier-Bresson sont des témoignages, mais souvent un peu décalés. C’est le charme de l’instant volé, suspendu. Il déclanche au moment exact où le hasard place les diiférents éléments au bon endroit. Devant son objectif, c’est comme si le cosmos orchestrait les corps, les mouvements, la lumière pour qu’ils convergent, se répondent en un puzzle complexe.
Ses images sont un climax et pourtant elles semblent simples, humbles. Suspendues en l’air, elles laissent l’imagination du spectateur rêver à l’avant et l’après, tout en s’émerveillant que cet instant précis ait pu être imprimé sur pellicule.
C’est presque ce qu’il y a d’étrange chez Cartier-Bresson: même quand il photographie l’horreur, la mort, les foules, les catastrophes, son oeil parvient à déceler une beauté simple et pure, sans jugement, il témoigne de la composition et de la richesse du monde.
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Je veux faire comme lui. Je fais comment?
“Je marchais toute la journée l’esprit tendu, cherchant dans les rues à prendre sur le vif des photos comme des flagrants délits.”
Cet art de l’image volée, suspendue, parfaitement composée a un nom et HCB a eu l’amabilité de largement l’expliquer: c’est le concept de “l’instant décisif”, qu’il expose dans la préface son premier recueil paru en 1952, Images à la sauvette.
Photographier : c’est retenir son souffle quand toutes nos facultés convergent pour capter la réalité fuyante ; c’est alors que la saisie d’une image est une grande joie physique et intellectuelle.
Chercher, suivre ou attendre le sujet, voilà ce qu’il vous reste à faire.
Photographier : c’est dans un même instant et en une fraction de seconde reconnaître un fait et l’organisation rigoureuse de formes perçues visuellement qui expriment et signifient ce fait.
Attendre le mouvement, le “quelque chose” qui survient dans le cadre, se fier à son intuition…
Cette attitude exige de la concentration, de la sensibilité, un sens de la géométrie. C’est par une économie de moyens et surtout un oubli de soi-même que l’on arrive à la simplicité d’expression.
« S’il n’y a pas l’émotion, s’il n’y a pas un choc, si on ne réagit pas à la sensibilité, on ne doit pas prendre de photo. C’est la photo qui vous prend ! »
Quelques anecdotes pour briller en société
- Si “Cartier” est finalement devenu photographe et a abandonné sa carrière de peintre, c’est en partie grâce à la célèbre mécène et collectionneuse Gertrude Stein. En effet, le jeune Henri était venu lui présenté ses oeuvres à la fin des années 20. Elle le découragea de poursuivre dans cette voie. Et c’est ainsi qu’il parti en Afrique et réalisa ses premiers clichés.
- Une exposition posthume de Cartier-Bresson a eu lieu au MoMA… en 1947! prisonnier de guerre, on le croyait disparu. Il a finit par venir en personne superviser l’exposition.
- Passionné de cinéma, outre ses reportages sur l’Espagne en 37/38 et Le Retour sur les prisonniers de la Seconde Guerre Mondiale, HCB a été l’assistant de Jean Renoir entre 1936 et 39. Il joue même un petit rôle dans La Règle du jeu.
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Pour aller plus loin…
De passage à Paris, commencez par aller visiter la Fondation HCB.
Ensuite un immense choix d’ouvrages s’offre à vous. Débutez par Images à la sauvette (1952) et sa célèbre préface, puis passez aux biographies, notamment celle de Pierre Assouline L’oeil du siècle et celle de Clément Chéroux Tir photographique (chez Gallimard).
Puis offrez-vous le magnifique coffret DVD (MK2) qui contient cinq documentaires réalisés par HCB ainsi que des analyses de son oeuvre.
Et si vous passez à Cherbourg d’ici au 2 septembre, l’exposition Henri Cartier-Bresson/Paul Strand, Mexique 1932-134 vous attend au Point du Jour.
Maintenant à vous de jouer: nous attendons vos photos inspirées de son oeuvre!
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+ le site de la Fondation Henri-Cartier-Bresson
+ le site de l’agence Magnum
sources: Wikipedia, Photogénique, The New Yorker, studio-plus.fr
Les photos de cet article proviennent du site de l’agence Magnum.
Le légendaire photographe Steve McCurry, connu pour sa photo de Sharbat Gula, revient dans une série empreinte de philosophie, sur le simple fait d’attendre. De ce thème découle des photos très fortes, plus fortes que mille discours.
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D’un acte apparemment anodin qu’il s’accapare, Steve McCurry évoque un thème universel dans la vie des hommes : l’attente. Attendre un évènement majeur, la fin d’un règne de terreur ou simplement les transports communs, le photographe nous fait découvrir la portée de cet acte, les joies et les peines qui en découlent aux quatre coins du globe.
Nous vous laissons sur une sélection de notre crû, la série complète Simple Act of Waiting est à retrouver sur le blog du photographe.
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Quel est le lien entre un téléphone porte-cigarettes, un téléphone qui dispose d’un système sonore “7.1”, une montre qui permet de téléphoner, un téléphone doté d’une lampe UV pour détecter les faux billets, un téléphone avec un zoom optique démontable, un téléphone en forme de “petite voiture majorette” ou un Iphone avec une batterie changeable facilement mais qui s’appellerait Hi-Phon ? Tous ces téléphones ont été créés et développés en Chine, près de Shen Zhen, dans le delta de la rivière des Perles à un endroit où s’est développé un écosystème de la contrefaçon appelé Shan Zhai.
Le succès de l’écosystème de la contrefaçon chinoise
Originellement le terme Shan Zhai était utilisé pour définir un bastion de bandits hors du contrôle des gouvernements locaux. Ce terme désigne aujourd’hui les faux, les contrefaçons ou copies de produits occidentaux fabriqués localement : que ce soit des copies de téléphones mobiles, de produits électroniques, de médicaments, de CD ou DVD, de produits de consommation… qui inondent le marché chinois.
A la fin des années 2000, le terme a été au centre d’intenses débats entre les acteurs économiques et politiques occidentaux et leurs homologues Chinois, à une époque où le combat contre l’écosystème de la contrefaçon portait sur des questions de piratage, de respect des droits d’auteur et des brevets, mais également sur les normes des objets produits. Si cet écosystème local a, dans un premier temps, commercialisé des copies bas de gamme, il a très vite évolué dans la légalité en bousculant en quelques années, les très grands industriels locaux tout en s’appuyant sur des modèles d’innovation très spécifiques.
Certains succès industriels foudroyants intéressent de nombreux chercheurs et spécialistes de l’innovation. C’est le cas de la firme Shan Zhai Tianyu qui a commencé en produisant des copies de téléphones et d’accessoires à la mode (des produits peu chers, uniquement destinés au marché chinois) puis a dépassé en deux ans le constructeur d’ordinateur chinois Lenovo sur son propre terrain, en Chine (qui est pourtant devenu l’un des premiers producteurs d’ordinateurs au monde), puis a dépassé les grands acteurs de la téléphonie mobile chinoise et envisage désormais s’attaquer aujourd’hui aux marchés mondiaux, comme le rapporte China Daily. C’est également le cas de BYD producteur local de batteries électriques bas de gamme copiées sur Toyota qui est devenu un des leaders mondiaux en production de batteries électriques pour voiture et un des leaders nationaux des constructeurs automobiles.
Image : une belle interprétation du Copyright par les Shan Zhai : “le copyright, c’est le droit de copier”. Déniché par la sociologue Tricia Wang, via son compte Flickr.
En quelques années, l’industrie de la contrefaçon chinoise est donc devenue l’un des moteurs de l’industrialisation chinoise (voire mondiale), tout en faisant évoluer sa production et sa fabrication vers des produits, pas nécessairement plus originaux, mais plus recommandables.
Comment expliquer le succès des Shan Zhai Chinois ?
Plusieurs pistes expliquent ces succès industriels. Tout d’abord, ces start-ups chinoises ne s’embarrassent pas dans un premier temps d’une coûteuse R&D : les produits occidentaux sont copiés par rétro-ingénierie puis produits avec des composants moins chers sans respecter ni normes ni régulations pour en réaliser des copies à bas coûts, à destination d’un marché chinois, qui n’a longtemps guère intéressé les entreprises occidentales. Mais au-delà de simples copies, les Shan Zhai sont passés maîtres dans ce que le chercheur de l’université australienne de Brisbane, Michael Keane, responsable du groupe sur les transformations créatives en Asie appelle le “deuxième niveau d’innovation” (.pdf) fondé sur l’innovation incrémentale. Ce deuxième niveau d’innovation est bien connu des innovateurs de l’internet, car il consiste à créer un nouveau service en s’appuyant sur des services existants. L’un des exemples traditionnels que l’on donne dans le domaine de l’internet, c’est celui de l’application composite (ou Mashup), comme celle de HousingMaps qui a créé un service en associant les annonces immobilières de Craiglist à une carte Google. De nombreux services de l’internet associent ainsi des services pour en créer de nouveau.
Les Shan Zhai s’appuient eux aussi sur des mashups de technologies pour répondre à des besoins locaux. Le téléphone mobile croisé avec un dispositif de lumière UV pour détecter les faux billets a rencontré un franc succès sur les marchés locaux chinois. La connaissance du terrain et de la culture locale a également été un élément déterminant dans la réussite du Shan Zhai : comme c’est le cas d’eHi Car Rental, seul grand service de location de véhicules Chinois rentable face aux géants mondiaux et occidentaux Hertz et Avis. Hertz et Avis, malgré leur expérience, leur capacité financière et industrielle ont appliqué en Chine le modèle américain de location de véhicule en self-service sans se préoccuper des spécificités locales. Alors qu’eHi Car Rental a d’abord copié le modèle de services des deux géants, puis par innovation incrémentale a développé un service de location de véhicules avec chauffeurs bien plus adapté aux conditions économiques et de circulations chinoises. Dans les nombreux bouchons, les loueurs pouvaient ainsi continuer à travailler tout en se déplaçant.
Les Shan Zhai s’appuient sur un écosystème d’innovation unique : celui des capacités de production chinoise, celles de ses 30 000 entreprises et des communautés locales de Shen Zhen collaborant à la chaine de valeur. Lyn Jeffrey de l’Institut pour le Futur a décrit les règles d’innovation que suivent les Shan Zhai – car il y en a !
- Ne rien concevoir ex nihilo : s’appuyer sur ce que les autres ont déjà fait.
- Innover dans les processus de production pour gagner en productivité et réaliser des économies de coût à petite échelle.
- Partager le plus d’informations pour que l’écosystème puisse ajouter de la valeur à votre processus. Jeffrey indique que les possibles économies de rentes dues à des brevets ne sont pas prises en compte par les Shan Zhai : l’objectif étant de réaliser des profits le plus vite possible.
- Ne pas produire sans avoir d’acheteurs.
- Respecter la chaine d’approvisionnement, ce que Jeffrey nomme la “règle d’argent de Confucius” consistant à ne “ne pas faire aux autres ce que tu ne ferais pas à toi même”.
Andrew “bunnie” Huang parle également du concept des “Open BOM” (Bills Of Materials) c’est-à-dire, dans le domaine de la logistique, la liste des matériaux utilisés, les plans et designs ainsi que les améliorations qui sont partagés entre les différents Shan Zhai par le bouche à oreille (et via l’internet). Ceux des Shan Zhai qui tricheraient et ne partageraient pas sont rapidement ostracisés par le reste de la communauté.
Bien sûr, toutes les Shan Zhai ne sont pas des réussites et leurs durées de vie sont parfois très brèves. Néanmoins, certaines se sont muées en grandes entreprises nationales, voire internationales, tout en laissant de côté le piratage et la copie, qui leur ont permis de démarrer.
Edward Tse dans un article pour Strategy Business intitulé Knockoffs Come of Age (que l’on pourrait traduire par “L’âge des imitations”) résume les trois points qui font les succès des Shan Zhai :
- 1. Ils capturent de nouveaux marchés en développant une analyse très profonde des besoins locaux et en cherchant à toucher des marchés peu prospectés (peu solvables par exemple) par d’autres grandes entreprises et industriels.
- 2. Par la copie, ils développent des produits en prototypage rapide par essai/erreur et expérimentation. Si une idée ne fonctionne pas elle est abandonnée, si elle fonctionne elle est développée de manière incrémentale avec des produits nouveaux ajoutant des services.
- 3. Les Shan Zhai n’attendent pas qu’un marché arrive à saturation avant d’investir vers d’autres marchés.
La conception rapide et le prototypage rapide au coeur de la flexibilité industrielle chinoise… voire mondiale
En fait, le cœur du succès des Shan Zhai vient d’une adaptation et d’une expérimentation permanentes – tout en s’émancipant des règles bien établies et en challengeant les grands acteurs. Comme l’explique Edward Tse et Michael Keane, ces formes industrielles ont dans leurs gènes un rapport très fort au prototypage rapide, à la conception agile, qui sont également des caractéristiques fortes du mouvement DIY (Do-it-Yourself) qui caractérise les nouvelles formes de production qui nous intéressent.
A bien y regarder donc, les Shan Zhai ne sont pas de simples producteurs de produits contrefaits (même si cette contrefaçon est le coeur de leur métier d’origine), ils ont développé un vrai esprit d’innovation avec des possibilités d’évolution vers des entreprises répondant aux normes mondiales.
Lorsque l’on se rend dans des Fab Labs, TechShops ou Hackerspaces, ces nouveaux espaces de fabrication, on remarque que nombres de projets s’appuient sur ce second niveau d’innovation. Ils croisent des techniques et processus existants, détournent des innovations, pour en tirer le meilleur. Les innovateurs dans ces lieux partagent leurs recherches, échangent et s’entraident. Ils échangent des plans, copient et améliorent les idées partagées via le réseau. Ils pratiquent l’innovation incrémentale au niveau de la planète, avec une philosophie de partage, sur le fond complètement éloigné de celle de la contrefaçon des industries du Delta des trois rivières, mais qui, dans les faits, consiste à copier et améliorer les innovations des autres. Est-ce à dire que quand les industries de Shan Zhai rencontreront l’Open Source, elles deviendront les premières industries de l’innovation distribuée ? La question est ouverte.
Fabien Eychenne
économie, créativité, innovation ascendante, open innovation, produire autrement, refaire